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9 août 2017 3 09 /08 /août /2017 04:23

Pulau Lelei n'est même pas sur les guides touristiques. On se demande donc ce qui nous attend là bas! Lors de la dernière heure de voyage, j'appelle les filles car un dauphin suit notre bateau. Non! C'est tout un banc qui est à notre portée, plusieurs dizaines de dauphins qui sautent et jouent autour du ferry. Une note sympa avant de débarquer! Arrivés sur l'île, bordée de plages de sable blanc, et dont on fait le tour à pied en 30 minutes, nous demandons une homestay. On nous indique des habitations plus loin, nous y allons sous bonne escorte. Une petite négo et nous avons un bungalow à même la plage avec deux chambres. Une très sympatique famille s'occupera de nous: lui pour nous emmener sur son embarcation, pêcher et faire du snorkeling, elle et ses filles pour la tambouille et la lessive. Ca s'annonce plutôt bien!

Les enfants de l'île sont contents de voir des visiteurs!

L'île est composée de deux villages, très calmes. Seuls touristes cette semaine là, et seuls occidentaux depuis longtemps, on ait un peu figure de curiosité mais les locaux sont très respectueux. Nous mangeons du poisson frais grillé, du riz, des nouilles et de très bonnes tomates locales à chaque repas, mais la cuisinière se débrouille bien! Les nuits sont incroyables, un tapis d'étoiles recouvrant le ciel, avec une visibilité sans pareil. La voie lactée est elle aussi largement observable à l'oeil nu. On est directement à l'équateur, les journées sont étouffantes, la lumière aveuglante et le soleil en plomb. L'eau est très chaude, super pour le snorkeling là où les pêcheurs à la dynamite n'ont pas tout détruit. Les paysages, avec ces minuscules îles à l'infini sur la mer azur, sont à couper le souffle. Il y a un sentiment d'immédiateté au cours de ces journées passées sur l'eau. Pour la pêche, quelques appâts, un hamecon et un fil suffisent. Nous ne sommes pas très doués, à part Laeti qui en attrapera deux!

Une nuit, une invitée surprise rend visite à Gaëlle. Tiré de ma torpeur par quelques cris, je dois donc faire fuir une petite souris. Pas très agréable, mais il fallait s'y attendre! Les chambres sont malgré tout propres et on est bien logés. Un soir, en rentrant, nous sommes invités à un mariage sur l'île. Nos hôtes nous expliquent que c'est en fait leur fille qui se marie! Disons que chez nous un mariage se prépare un peu plus à l'avance et génère un peu plus de stress! Nous nous y rendons, je fais faux-bond rapidement car je ne me sens pas au mieux... Laeti et Gaëlle restent par politesse et seront invitées à danser! Un sacré souvenir. Ironie du sort, il y a un second mariage sur l'île le lendemain. Rebelote, nous voilà au milieu des locaux. cette fois, je peux observer les danses. Une expérience authentique.

Le sourire est de mise pour nos hôtes (entourant les mariés au centre)

Ayant fait plusieurs fois le tour de l'île, on voit des bungalows pour touristes laissés à l'abandon. En haut de l'île, une énorme villa, non finie, est aussi en train de dépérir. Le potentiel, avec une des plus belles vues d'Indonésie probablement, est absolument incroyables. Nous posons des questions, mais il est très difficile de savoir ce qui est arrivé. A priori, un gouverneur local, quelques années plus tôt, étant originaire de l'île, a souhaité (à raison) développer le tourisme sur l'île. Un festival a même été créé, probablement pour qu'il y invite ses amis notables. Les fonds injectés pour la construction se sont probablement évanouis avec la fin de son mandat, et maintenant personne sur l'île ne se soucie de maintenir les constructions. Ils nous disent que l'argent et les possessions de l'état ne les regardent pas. C'est vraiment étrange de voir ce mini village fantôme et cette villa abandonnée. Les couchers et levers de soleil y valent cependant le détour.

Un peu de boulot et la maison apparaîtrait dans les listes sur Internet comme l'une des plus belles au monde
Elle a même son deck d'observation. Pas très safe en l'état actuel
Les vues valent le détour
La maison est littéralement au sommet de la colline, donc on a vue sur tous les points cardinaux

Pour la suite du voyage et le retour vers Ternate, j'ai dans l'idée d'aller jusque Halmahera, une île tout en long à l'est de Lelei, pour remonter en voiture. Nous partons pour un premier port depuis Lelei, pour tâcher de trouver un bateau. Arrivés là bas, l'atmosphère n'est pas des plus accueillantes. Un couple accepte de négocier avec nous, et nous finissons par nous mettre d'accord sur un prix afin de nous faire déposer n'importe où sur Halmahera. Après quelques heures dans une pirogue à moteur, nous accostons un village avec une saveur de bout du monde. Revoyez la scène d'Apocalypse Now avant que Martin Sheen trouve le campement de Brando (les cadavres décomposés en moins!), et vous aurez une idée. Un autochtone sort la tête de sa maison, et nous explique qu'il n'y a pas de route depuis ici qui remonte vers le nord... C'est à ce point isolé. Il faut savoir qu'au fin fond de la jungle d'Halmahera, il existe encore des tribus qui refusent le contact avec la "civilisation moderne"... nous repartons donc en bateau au nord (moyennant un supplément, pas très sympas les gens) afin d'essayer un autre village (on nous avait bien indiqué d'en passer 5 ou 6 d'abord pour être sûrs de trouver un véhicule). Effectivement, à l'arrivée, on nous assure qu'il y a ici "beaucoup de voitures". Contents de laisser partir le couple, nous posons bagage et discutons d'un prix pour nous emmener à Sofifi. Le voyage se fera... en ambulance! Le seul véhicule disponible ce jour. On discute un peu avec les habitants avant de partir. Ils ne semblent pas voir beaucoup d'occidentaux. Ils nous racontent l'histoire incroyable du "Bule" (blanc), qui le mois dernier (où quelque chose comme ca), est passé alors qu'il faisait le tour de l'île à la nage... En voilà un projet aventureux!

Les lumières dansent, dans l'ambulance
Bel engin
Le pare-brise mériterait lui aussi d'être soigné

C'est parti donc pour quelques heures de route, nous à l'arrière de l'ambulance, assis sur le lit. Nous passons à travers la forêt, voyant quelques villages. Puis, au milieu de l'île, dans une sorte de très longue clairière aménagée, nous voyons un grand nombres de cabanes identiques et abandonnées pour la plupart, avec des vestiges d'installations agricoles sommaires. On nous raconte alors la Transmigrasi, un programme gouvernemental démarré dans les années 1900, qui offraient une somme d'argent à des familles de Java, Sumatera, Kalimantan (les grandes îles indonésiennes les plus peuplées) pour aller vivre de la terre à Sulawesi, en Papouasie et aux Moluques. On sent bien le ressentiment dans la voix de notre interlocuteur. Encore un passage sombre de l'histoire du pays complètement méconnu. Affligeant mais très intéressant.
Aprés quelques temps, nous rejoignons la côte ouest de l'île, la route goudronnée, et nous remontons jusque Sofifi, où nous prendrons un bateau le lendemain matin. Une nuit à l'hôtel (avec le karaoké qui bourrine sa musique), et puis direction le port pour négocier une dernière journée sur l'eau. Toujours à la recherche de mes fameux atolls (Lelei était beaucoup trop loin pour être ce que je cherchais), nous finissons à Tidore pour du snorkeling, avant retour vers Ternate. Au port, nous marchons vers le marché aux poissons. Nous demandons une table sympa, et atterrissons dans une gargote locale, très propre, où nous goûtons aux mets locaux, notamment le papeda. Cela ressemble à de la glue sans vraiment de saveur. Ca tient bien au corps! Pour repartir, je vois un scooter avec chariot en sortant de là. Je trouve le propriétaire, et nous négocions un trajet très rigolo (avec panne d'essence au milieu bien sûr) où les habitants sont bien surpris de voir des blancs voyager là dedans. Nuit dans une très belle chambre d'hôte et retour à Jakarta, puis en France pour Gaëlle.

Valentino ne renierait pas!

Pour la petite histoire, c'est au décollage de Ternate que j'apercevrai finalement mes atolls, deux petites bandes de sables perdues au large de la côte. Je cherchais leur nom, avant de découvrir en rentrant qu'ils n'en ont pas!

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